Expatriation! Un mot qui fait rêver, synonyme de vie facile, de pays lointains, de découvertes ...
Mais aussi de coupures, de déchirements, de peurs, de difficultés. L'expatriation c’est réinventer sa vie à chaque fois. Recréer son monde, intégrer les nouvelles données, apprendre à vivre autrement, s’adapter à un nouvel environnement, découvrir de nouveaux fruits, cuisiner des légumes inconnus hier encore, apprendre très vite une nouvelle langue, au moins de quoi nourrir sa famille, dire au chauffeur de taxi où on veut aller, apprendre une nouvelle monnaie, acheter des draps, se lancer dans l'inconnu. L’expatriation c'est abandonner le confort du quotidien pour sauter dans le vide sans filet de protection. Et une fois que tu as sauté, ça y est, ca ne sert à rien de pleurer ce qu'on a perdu, tu n'as plus qu'à avancer, marcher, apprendre. Apprendre l'hindi, apprendre le serbe croate, apprendre le bahasa malaysia, quelques mots au début. Oser! Oser les rencontres, oser cuisiner ce légume bizarre acheté au marché, oser aller à la rencontre des gens, oser se faire de nouveaux amis. Tu veux découvrir, tu veux apprendre, tu peux oser, tu réinventes ta vie à chaque minute. Et tu trouves un cours de yoga et tu respires mieux, tu rencontres un moine bouddhiste qui t’aide à ouvrir ta vision du monde. Ces nouveaux amis ne vivent pas comme toi, ils vont à la mosquée ou au temple indien. Et toujours, toujours tu ris, toujours, tu te réveilles de bonne humeur, partout il y a des étincelles de bonheur, tu les vois, tu les attrapes, tu les gardes en toi. Comment tu fais ça? D’abord tu dis merci. Merci tout le temps, pour tout, parce que tu es là , (même si il n’y a rien à bouffer, pas d’eau, pas d’électricité, oui oui ça arrive) parce qu'en même temps, il y a toutes ces choses nouvelles à découvrir, parce-que tes enfants sont insouciants. Parce-que tu es UN avec l'univers. Tu souris, parce-que le cerveau comprend le sourire. Il est bête le cerveau il croit ce qu'on lui dit. Il sait que le sourire est synonyme de joie, même si c'est pas vrai, alors il est joyeux, c'est pourquoi aussi il est positif si on décide de penser positif. T'arrêtes tout aussi. Tout arrêter? On appelle ça méditation aussi. J'ai un truc pour la méditation. Je sais bien que c'est difficile, c’est long, c’est ennuyeux. Alors je fais de très courts moments de méditation. Quelques minutes, une minute seulement, tu fais le vide, un petit moment. Tu reposes ta tête, un moment où il ne se passe rien, et tu te sens bien. C'est facile, c'est rapide, le cerveau se repose, et tout est clair, un moment d'air frais. Voilà ma vie depuis que nous sommes partis en Inde. Je suis mon mari, je quitte une petite ville de province, ensoleillée et tranquille, je quitte mes parents, ma famille, mes amis, mon quotidien, mon travail, ma propre source de revenus, ma maison juste achetée... Mankapur, 2 jeunes enfants, le moyen âge, pas d'eau, pas d’électricité, rien à manger. J'apprends à réinventer ma vie au quotidien, j'apprends l'hindi, je vais au marché, je fais mon pain, mes yaourts, ma pâte à pizza, j'apprends à tamiser la farine avant, je monte un club du livre, je forme un groupe d'amis, j’étudie les voyages et le pays, je trouve un vieux yogi qui ne ressemble pas du tout à mon prof sympa de yoga, je me remets à l'anglais, je trouve des activités pour les enfants, j'organise des fêtes pour la communauté, j’écris des lettres qui deviennent un livre, j'invente, je créé, je souris, je médite. Je dis merci.
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September 2017
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